Questionnaire complémentaire suicide et tentative de suicide

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Contexte lié à l'outil

En France, chaque année, environ 5 à 6,5% des suicides se déroulent en établissement de santé, dont environ un tiers dans les établissements non psychiatriques. L’incidence du suicide en milieu hospitalier est estimée à 250 pour 100 000 admissions dans les hôpitaux psychiatriques, et à 1,8 pour 100 000 admissions dans les hôpitaux généraux, soit quatre à cinq fois plus qu’en population générale. (1)

Les suicides sont un des évènements indésirables les plus fréquemment remontés à la Haute Autorité de Santé dans le cadre du dispositif de déclaration des évènements indésirables graves associés aux soins (EIGS) en France (439 suicides sur 2007 EIGS reçus de 2017 à 2019). (2)

L’impact émotionnel d’un décès par suicide au sein d’une unité de soin est important. Il renvoie en effet les professionnels à de nombreux questionnements en lien avec leur responsabilité, tant soignante que hiérarchique, leurs compétences professionnelles, voire leur propre mort. La découverte du corps, parfois encore vivant, est un moment critique qui peut conduire à une réponse désorganisée de l’équipe soignante non préparée à ce type d’évènement, notamment aux premiers secours, et une exposition des autres patients / résidents de l’unité qu’il faudra ensuite accompagner. L’information des proches est un moment sensible auxquels de nombreux médecins, notamment en santé mentale, ne sont pas préparés (3). L’absence de formation à la postvention (4) combinée à la crainte de recherche de responsables facilite le recours à une attitude fataliste et à une tendance à « passer à autre chose » sans recours à une Revue de Morbidité Mortalité.

La prédictibilité d’un passage à l’acte suicidaire est très difficile (5). Par ailleurs, empêcher le passage à l’acte n’est pas toujours possible, malgré des conditions de soins, de communication et de sécurité optimales (6). Toutefois, la prévention du suicide en établissement de santé semble fortement améliorable. Selon une étude réalisée dans les Hauts-de-France, les actions de repérage du risque suicidaire et de prévention sont relativement peu utilisées. La prévention peut être améliorée par différentes mesures : l’optimisation du repérage et de la prise en charge des patients / résidents à risque suicidaire, la sécurisation de l’environnement et de l’équipement, la formation des équipes soignantes, l’implication du patient / résident et de son entourage dans les soins, et la préparation des sorties (permission puis fin d’hospitalisation). La formation est essentielle dans la mesure où plusieurs études ont montré la difficulté de nombreux professionnels à explorer le risque suicidaire. Enfin, il apparait important de développer les pratiques de postvention, qui sont les mesures à prendre après un passage à l’acte suicidaire dans un établissement (développement du partage d’expérience, amélioration du soutien aux autres patients / résidents et aux soignants de l’unité, ainsi qu’à l’entourage). (7)

 

  1.  Martelli C, Awad H, Hardy P. Le suicide dans les établissements de santé : données épidémiologiques et prévention. Encephale 2010;36 Suppl 2;s83-91.
  2. HAS. Retour d’expérience sur les évènements indésirables graves associés à des soins (EIGS). Rapport annuel 2019 ; décembre 2020
  3.  Jollant F, Le suicide, comprendre pour aider l’individu vulnérable, Edition Odile Jacob, 2015 266 pages,.
  4.  Postvention : ensemble des activités développées par, avec ou pour les personnes ayant été exposées au suicide dans le but de faciliter la rémission après un suicide et de prévenir les conséquences néfastes dont les comportements suicidaires
  5. Fahy TJ, Mannion L, Leonard M, Prescott P. Can suicides be identified from case records? A case control study using blind rating. Arch Suicide Res 2004;8:263-9.
  6.  Wolfersdorf M, Vogel R, Vogl R, et al. Suicide in psychiatric hospitals : Results, risk factors and therapeutic measures. Nervenarzt 2016;87:474-82.
  7.  Hauseux PA, Jollant F, Launay C. Le suicide de patients hospitalisés en psychiatrie : analyse qualitative de huit cas à l’hôpital Sainte-Anne à Paris et recommandations. Annales Médico-psychologiques 2020 ;178:783-91.

Objectif(s)

Ce document a pour objectif d’aider à la mise en place d’une analyse approfondie des causes suite à la survenue d’un suicide et tentative de suicide.

La méthode d’analyse approfondie des causes reste basée sur l’utilisation de méthodes connues, comme par exemple la méthode ALARM, mais les éléments abordés dans le questionnaire proposé peuvent être utilisés en complément, afin d’envisager les différentes causes possibles du suicide.

Ce questionnaire aborde les éléments suivants :

  • L’évaluation du risque suicidaire
  • Les mesures institutionnelles
  • Les mesures spécifiques mises en place en cas d’identification du risque suicidaire
  • Les mesures mises en œuvre au décours et après le geste suicidaire

 

Modalités de création

Ce document est élaboré et promu dans le cadre des travaux de la FORAP et rédigé avec la collaboration du Pr Fabrice Jollant (Université de Paris, GHU Paris Psychiatrie et neurosciences, Clinique Universitaire de Jena – Allemagne, CHU de Nîmes, Université Mc Gill, Montréal – Canada.)

 

Modalités d'utilisation

Ce questionnaire permet une analyse complémentaire à réaliser préférentiellement de manière pluridisciplinaire.

Les problématiques identifiées pourront ainsi vous aider à définir des actions d’amélioration en termes de prévention et de prise en charge.

Modalités d'accès

Si vous souhaitez vous l’approprier il est disponible sur demande par mail auprès de QualiREL  Santé : contact@qualirelsante.com